Crébillon le Tragique

Ce livre présente Crébillon père (Prosper Jolyot), un grand dramaturge peu à peu tombé dans l'oubli. C'est le destin de la tragédie classique. Crébillon fut considéré en son temps comme l'égal de Corneille et de Racine.  Académicien, censeur, il fut, à un âge avancé, le protégé de Madame de Pompadour :"J'aime les talents et les lettres, et ce sera toujours pour moi un grand plaisir que de contribuer au bonheur de ceux qui les cultivent", disait la marquise à Malesherbes. Pour l'anecdote, voici un aspect inattendu du poète bourguignon : son amour des animaux (chats, chiens, corbeaux…) dont il était entouré ; "C'est que je connais trop bien les hommes…", disait-il.

 

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Crebillon

Extrait

P. 90 : […] Madame de Pompadour, habituée à la munificence du théâtre de cour, a fourni les costumes, notamment ceux des dix-huit sénateurs, des toges de toile d'argent bordés de pourpre et des vestes de toile d'or, le tout festonné et garni de diamants, costumes qui tiennent plus de l'Empire que de la République… La marquise a tenu à aller applaudir son protégé. Louis XIVn'avait-il pas voulu faire plaisir au vieux Corneille en lui permettant une dernière représentation à Versailles ? Corneille et Crébillon ne font qu'un aux yeux de la marquise, nourrie dès sa jeunesse de leurs vers. Le roi, lui, est assez indifférent au poète, mais il a pris l'homme, l'ami de toujours de la famille d'Etioles, en affection […]x

Pompadour 1

Anecdotes

Crébillon le Tragique ayant eu une maladie très inquiétante, plusieurs années avant d'avoir donné et même achevé son Catilina, M. Hermant, son médecin, le pria de lui faire présent des deux premiers actes qui en étaient faits. Crébillon ne lui répondit que par ce vers si connu de Rhadamiste :

"Ah ! Doit-on hériter de ceux qu'on assassine ?"

D'après le Dictionnaire d'anecdotes modernes, anciennes… par E. Guérard, t. 2.

Rendre à César ce qui est à César...

Le 10 mai 2017, commentant les élections présidentielles, un journaliste a clos son "billet" radiophonique par "La crainte fit les dieux, l'audace a fait les rois. "Cette phrase figure dans la pièce Xerxès de Crébillon. Voir pp. 105-06 de notre ouvrage : "Il a présenté cette pièce au roi, qui, à l'ouverture est tombé par hasard sur ce vers inspiré d'une parole de Lucain, Primus in orbe deos fecit timor : "La crainte fit les dieux, l'audace a fait les rois." Le roi le loua de très bonne foi et trouva ce vers fort beau. Un vers bien frappé en effet… Ici, la complaisance royale témoigne seulement d'une lecture hâtive et superficielle. Le personnage d'Artaban qui prononce les vers cités supra par Jean Angliviel est celui d'un ministre ambitieux et félon, et à l'actif de Crébillon, on pourrait déceler une critique du pouvoir qui fait tant d'envieux. Entend-on véritablement au théâtre tout ce que l'on entend ? Et la lecture, quand elle n'est pas intégrale, est-elle plus fiable ? Se souvenait-on de ces vers de Pyrrhus à l'acte II qui, relativement hardis, mettaient en cause l'origine et l'étendue du pouvoir et pourraient trouver un écho à notre époque :

Mais combien de trônes sont remplis / Par les usurpateurs qui s'y sont établis ! […]

Cela dit, célébrons l'esprit de notre dramaturge...

D'humeur facétieuse, le dramaturge, Crébillon, s'était aussi fait représenter en Romain, tête nue.

Buste crebillon

 

Date de dernière mise à jour : 26/05/2023