L'article de MDIAQ :
Ce livre peut plaire tant aux amoureux des chats qu'aux passionnés d'histoire, qui apprécieront de pouvoir appréhender l'histoire par le point de vue d'ERMELINDE qui s'exprime à la première personne du singulier ; pour cause, elle est à la fois la narratrice et le personnage principal de l'histoire ; et c'est d'ailleurs, toute la richesse de cet écrit ! Bien souvent, les romans qui nous transportent dans une temporalité antérieure peuvent sembler accessibles aux érudits mais moins attrayants pour le lecteur lambda ; ce qui est loin d'être le cas de ce livre grâce au dynamisme de ces échanges et au regard éclairé et éclairant que porte Ermelinde sur les événements historiques qu'elle nous permet de vivre indirectement. Il y a une surréalité dans cette réalité; le fond de l'histoire, composé d'événements historiques réels est d'autant plus captivant, que la forme imagée incarnée par Ermelinde ; entendons: ses dialogues, ses pensées, son regard porté sur les événements confèrent à l'ensemble une réalité à laquelle on croit, elle est plausible et rend ce personnage félin très attachant ; On salue donc sa répartie, sa sagesse et sa "majesté spirituelle", fidèle à l'image que l'on se fait des chats en général. Un ouvrage et une représentante féline pleine d'esprit ; par exemple, Ermelinde clarifie la méprise entre "Angora" ou devrions-nous dire, avec davantage de précisions, "D'angora" et non "d'Angola". C'est donc, une chatte vive d'esprit, et c'est ce qu'on se plaît à imaginer au quotidien ; si les chats pouvaient parler, sans nul doute qu'ils se montreraient subtils, raffinés, déconcertants de clairvoyance; peut-être même bien loin de la grandiloquence dont feraient certainement usage les chiens. Elle survit à son humain avec philosophie et humilité, ce qui renforce encore l'estime que l'on nourrit progressivement pour Ermelinde au fil des pages.
Un ouvrage qui n'exclut pas les chiens ; j'ai particulièrement apprécié le chapitre 16 "Eylau, de triste mémoire", qui relate la fin héroïque de "moustache" ; l'humain fait bien trop souvent abstraction de la présence animale sur le champ de bataille ou du rôle joué par les chiens, chevaux ou même oiseaux, au travers l'histoire ; Je recommande ce livre aux amoureux du temps ; de la pensée, des belles lettres, car soyons clairs ; c'est un ouvrage extrêmement bien rédigé tant par la syntaxe, les tournures de phrases, les référents culturels ou encore le vocabulaire mobilisé lors de sa rédaction. Il est frais malgré la période concernée, il est lumineux et très agréable à parcourir. Les protagonistes nous emportent, le temps d'une lecture, en ces temps de renouveau, avec le bonheur de redécouvrir l'Histoire sous un angle nouveau.
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le commentaire de Robert de Laroche :
Simone Gougeaud-Arnaudeau est une brillante dix-huitiémiste, qui a consacré plusieurs ouvrages à des figures attachantes du siècle des Lumières, comme le comte de Caylus, La Mettrie, Crébillon ou Madame Helvétius, qui avait déjà retenu l’intérêt de Leonor Fini par sa passion immodérée pour les chats. J’ai eu le plaisir de publier à La Tour Verte deux livres de Simone, "Les Chats de noble compagnie", une très belle anthologie consacrée au chat chez les auteurs du XVIIIe siècle, et un petit essai très original sur "Le Chat d’Émile Zola", qui révélait à quel point la présence du félin domestique était importante tout au long des Rougon-Macquart.
Avec Ermelinde, c’est toujours de chats qu’il s’agit, ou pour être plus précis, d’une chatte, fort célèbre en son temps, compagne d’un diplomate germanique, Karl Heinrich von Gleichen (ou Charles-Henri de Gleichen, comme aimait se faire appeler ce francophile), longtemps ambassadeur du Danemark en France. C’est cette belle chatte angora qui raconte la vie de son maître, l’auteure adoptant avec un art consommé le ton de la fable (en pleine vogue à l’époque qu’elle évoque) pour retracer le parcours de Gleichen, de la cour de Bayreuth à celle de Versailles, sous Louis XV, jusqu’à la Révolution, Gleichen s’éteignant en 1807 en exil, l’année de la bataille d’Eylau. Guidés par cette Shéhérazade féline, on croise une foule de personnages, dont Wilhelmine de Brandebourg-Bayreuth, Voltaire, Choiseul, Madame Geoffrin, Louise-Honorine Crozat, l’abbé Galiani, Mirabeau… On apprend bien des choses à la lecture de ce petit livre (joliment illustré par Pauline Touli), car l’érudition de Simone Gougeaud-Arnaudeau est grande sans être jamais pesante, et son ambassadrice féline a le chic pour mêler l’Histoire des hommes (la grande et la petite) avec celle des chats, ce qui lui permet aussi d’évoquer la condition du monde animal, dans la société parisienne et européenne du XVIIIe siècle.
Le résultat est tout à fait séduisant, présenté comme une succession de tableaux qui s’animent sous les pattes de la marionnettiste Ermelinde, à la fois curieuse, amusée ou critique face au spectacle que se donnent les protagonistes d’une époque qui vit les derniers instants d’un âge d’or avant de basculer dans la terreur et les guerres. Ermelinde plaira tout autant aux passionnés d’Histoire et aux admirateurs des chats.Robert de Laroche
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la recension d'Alfred Gilder dans le n° 143 de L'écrivain combattant : "Depuis La Fontaine et Raminagrobis, il n'était pas arrivé, du moins à ma connaissance, qu'un chat parle. Et là, ce n'est pas n'importe quel chat, ni auprès de n'importe qui. Ermelinde est un félin de luxe. Cette chatte angora authentique tient des propos de haute volée. C'est normal puisqu'elle officie auprès de l'ambassadeur du Danemark à Paris au temps de Choiseul. A l'écouter, on apprend beaucoup sur les hommes au XVIIIe siècle, dont l'auteur est une spécialiste. Comme elle a neuf vies, Ermelinde raconte des choses pittoresques sur ce qui s'est passé entre 1763 et 1807, date de la mort de son maître et, aussi, de la bataille d'Eylau. Petit livre délicieux, à lire sans modération.
Quelques autres appréciations :
- Jean-Pierre A. : "Très intéressant : Ermelinde rejoint à juste titre les animaux qui ont déjà une place dans l'Histoire."
- Christian D. : "Drôle et attachante, Ermelinde nous instruit sur l'histoire des hommes comme sur l'histoire des chats."
- Sylvie J. : "Une tranche d'histoire sous un regard félin. Je me suis régalée."