…] Libre, l’auteur du Recueil d'Antiquités le fut assez pour ne pas suivre la voie que ses origines nobiliaires lui traçaient, assez pour s’intéresser non seulement aux artistes mais au peuple qui l’inspira lorsque, quittant le crayon et le burin, il se mêlait de prendre la plume pour s’exercer à autre chose que le dessin et la gravure. Libre, il le fut toute sa vie par sa distance vis-à-vis des événements politiques – qui, cependant, servent de toile de fond à cet ouvrage – et jusque dans la mort en refusant les services imposés par la religion dont il avait perçu toute l’hypocrisie dès sa prime jeunesse.
Dans une excellente biographie (Essai sur le comte de Caylus. L’homme. L’artiste, Paris, Hachette, 1889), Samuel Rocheblave ne s’était pas contenté de montrer comment et pourquoi le comte de Caylus a laissé une trace légitime dans l’histoire de l’art et de l’archéologie au XVIIIe siècle, il a prouvé que l’homme vaut encore mieux que sa renommée. Cet essai que l’on pourrait considérer comme définitif car l’auteur avait mené une enquête des plus approfondies a éveillé ma curiosité. À mon tour, j'ai mené une recherche sérieuse, sans occulter la subjectivité car je ne me prétends pas spécialiste dans tel ou tel des nombreux domaines où Caylus a exercé ses compétences. J'essaie de saisir la réalité de ce personnage qui, sans renier l’ordre social de son temps, ne fut ni un homme de pouvoir ni un homme d’intrigue. Bien que le cadre historique soit suffisamment évocateur, je ne retrace pas l’histoire de l’ancienne société française dans son ensemble, mais bien celle d’une personnalité particulière.
Peut-être, le lecteur aura-t-il envie d’aller plus loin dans la connaissance de la vie et de l’œuvre du comte de Caylus, au gré de ses centres d’intérêt personnels : archéologie, gravure, salons de conversation au XVIIIe siècle, guerres de Louis XIV et de Louis XV, autant de sujets ébauchés et stimulants.
En attendant, je lui propose de passer un moment en compagnie d’un graveur et antiquaire amoureux des arts, d’un esprit rationnel, d’un homme amoureux de l’amour, aux nombreuses conquêtes féminines, mais qui resta célibataire en demeurant fidèle à ses ami(e)s, fidèle à lui-même.