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iroise16 Par Le 08/12/2024

Dans Cinéma

Promesse verteLA PROMESSE VERTE
La presse est loin d'être unanime sur ce film qui manquerait de souffle et serait truffé d'incohérences selon certains. Pour moi, l'intérêt se maintient sans peine durant deux heures avec de vrais moments d'émotion et des vues grandioses de paysages indonésiens. De quoi s'agit-il ? D'un plaidoyer contre la monoculture de l'huile de palme, cause de la destruction de la forêt primaire. Au travers de l'histoire d'une mère (excellente interprétation d'Alexandra Lamy) qui met tout en œuvre pour sauver son fils (Félix Moati) injustement accusé et condamné à mort, on sent la menace qui pèse sur la biodiversité, sur les peuples autochtones et à terme sur l'humanité avec le réchauffement climatique que la déforestation aggrave. Les activistes mènent un combat inégal contre les lobbies politiques et financiers. L'huile de palme déjà présente dans nombre de produits, serait destinée à la production de biocarburants. Une aberration écologique ! On était au courant, mais le film achève de convaincre.

UNE AFFAIRE DE PRINCIPE

AffaireS'il y a une citation à retenir de ce film d'Antoine Raimbault, c'est Ce ne sont pas institutions qui posent problème ; ce sont les gens qui les font.

Inspiré d'une affaire de corruption, le Dalli Gate en 2012, ce thriller politique nous promène dans les coulisses des institutions européennes, un peu paresseusement, il faut le dire. Mais l'attention se soutient grâce à l'interprétation de Bouli Lanners dans le rôle de l'euro-député José Bové et à celle de Céleste Lanners dans le rôle de la jeune stagiaire. Bien sûr, il est inutile de rapporter les statistiques des méfaits du tabac (c'est l'aspect documentaire du film), mais il est opportun de se demander si la lutte contre la contrebande de cigarettes et la décision d'afficher sur les paquets les images crues des dangers encourus a vraiment fait baisser en Europe la mortalité due au tabagisme.

LE TABLEAU VOLE de Pascal Bonitzer avec Alex Lutz et Léa Drucker.

Egon schiele autumn sun meisterdrucke 819960Le sujet est intéressant. Cette histoire vraie qui s'est déroulée à Mulhouse est à aborder à plusieurs niveaux. Je retiens le contraste entre le milieu de l'art où l'argent est roi et celui du milieu populaire de province représenté par le jeune ouvrier qu'incarne l'excellent Mathieu Lucci. Avec des  dialogues parfois subtils et des rapports humains surprenants, on sourit souvent tout en se laissant conduire dans une véritable enquête policière à propos du tableau d'Egon Schiele volé par les nazis, disparu depuis 60 ans et qui doit être restitué aux descendants de la famille spoliée. Sa valeur inestimable fait tout le sel de l'histoire. Ce film n'est pas un chef d'œuvre, mais on ne s'ennuie pas. 

Image : Soleils d'automne d'Egon Schiele

 

GREEN HOUSE

GreenhouseafficheCe thriller est le premier long métrage de la jeune réalisatrice coréenne Sol-Hui-Lee. L'héroïne incarnée par Kim Seo Hyung est une aide-soignante à domicile dépressive, dont le fils est dans une maison de détention pour mineurs. Elle est d'un dévouement exemplaire, mais à la suite d'un accident domestique, elle prend une décision des plus surprenantes. L'enchaînement des conséquences joue sur les nerfs du spectateur. Nul sentimentalisme pour traiter le sujet : la prise en charge des personnes âgées. Le spectateur doit prendre de la distance, aidé en cela par les traits d'humour noir dont le film est parsemé. En proie au suspense de bout en bout, il lui reste en quittant la salle à imaginer un épilogue crédible. 

GLORIA : un premier long métrage de Margherita Vicario
L'histoire de Teresa inspirée par la découverte d'un piano forte permet de rendre justice aux compositrices tombées dans les oubliettes de l'histoire. Nous sommes à Venise vers 1800. On perçoit la détestation de Napoléon par les Italiens, Napoléon qui va cependant fermer ces instituts où étaient reléguées des jeunes filles vouées à apprendre la musique, mais dont on ignorait le talent. Un film enjoué dans lequel la visite du pape va tourner au fiasco. Ce n'est pas un chef d'œuvre, mais il est intéressant de voir comment la musique (musique populaire contre musique classique) devient une passion.

MARIA : un film de Jessica Palud avec Anamaria Vartolomei dans le rôle de Maria Schneider

Les plus anciens ont présent dans leur mémoire le film de Bertolucci : Dernier Tango à Paris avec la scène jugée porno en Italie qui a fait couler beaucoup d'encre. Ce fut une humiliation pour la magnifique actrice qu'était Maria Schneider (la fille de Daniel Gélin). Sa vie en fut brisée à jamais. Marlon Brando a dit qu'il ne referait jamais un film comme celui-là. Il n'empêche qu'il était complice du réalisateur. Ce film rend justice à l'actrice, mineure à l'époque.  Il est dans l'air du temps avec le mouvement metoo et la remise en cause des dérives dans le monde du cinéma. A voir…

MEMORY, un film de Michel Franco

MemoryQue se passe-t-il quand deux êtres cabossés par la vie se rencontrent ? Saul, incarné par le très convaincant Peter Sarsgaard et la touchante Sylvia incarnée par Jessica Chastain ? C'est un très beau film, réaliste et pudique à la fois. Au-delà de l'aspect sociologique, voici une belle réflexion sur la mémoire quand, intrafamiliale, elle est basée sur le déni et le mensonge, quand individuelle, elle commence à vous échapper et que l'on prétend œuvrer pour votre bien (forme d'emprise pour employer un terme à la mode). Pour chacun(e), citée vers la fin du film, à retenir la prière de Marc Aurèle en usage dans les groupes AA.  Que ceux pour qui la vie est un long fleuve tranquille jettent la première pierre à ce film.