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Le Voyant d'Etampes d'Abel Quentin (2021)

Par Le 23/03/2025

Toutes les certitudes de Jean Roscoff, universitaire fraîchement retraité, s'ébranlent au contact des "éveillés" que sont sa fille et la nouvelle compagne (totalement insupportable) de celle-ci. Son ami Marc plus "argenté" que lui, son ex-épouse avec qui il communique  pour assumer leur statut commun de parents ne lui sont d'aucun secours. Il essaie en vain de se réfugier dans le souvenir des belles années où il militait aux côtés de SOS racisme et d'hommes de gauche comme Julien Dray. Mais l'antiracisme a bien changé avec la gangrène des réseaux sociaux et l'avancée de l"idéologie "woke".

Maître de conférence en histoire à Paris VIII, spécialiste du Maccarthisme et du parti communiste américain, Roscoff avait déjà fait un faux pas avec son livre sur les époux Rosenberg dont il défendait l'innocence, sa carrière en avait souffert. Voilà qu'à 65 ans, il reprend le projet ancien d'écrire la biographie d'un poète américain : Robert Willow venu se réfugier en France ( à Etampes, précisément) dans l'entourage parisien de Sartre. Willow est mort prématurément,  entre Milly et Barbizon, dans un accident de voiture, comme Albert Camus.

Roscoff, plein d'enthousiasme, mène ses recherches tambour battant. Quand son livre paraît chez un petit éditeur timoré, ce n'est pas la consécration sur le tard espérée. La violence anonyme des réseaux sociaux déferle sur lui. De quoi cet homme blanc hétérosexuel se mêle-t-il ? Robert Willow était noir  ! Les idées de gauche de notre historien sont mises à l'épreuve et ce n'est pas son alcoolisme qui peut le rasséréner…

Ce livre m'est tombé entre les mains par hasard, mais il ne m'est pas tombé des mains, au risque de passer pour réactionnaire. Ne sachant au départ si je devais en rire ou en pleurer, je l'ai trouvé  en définitive jubilatoire. C'est intelligent, brillant. Je ne connaissais pas Abel Quentin, je me propose de faire un autre plongeon dans son œuvre dès que possible.

 

Citations :

La  fac était le décor familier qui me déprimait autant qu'il me rassurait et c'était celui des ensembles en béton, de la morgue intellectuelle, des rétributions symboliques, des cols roulés, des publications pointues, des colloques jargonneux, des photocopieuses en panne, des jeux de pouvoir invisible, ascenseurs vétustes et amiantés, chapelles, culte des titres, grades, étudiants chinois effarés, acronymes mystérieux, baies vitrées sales, syndicats sourcilleux, cartons de tracts crevés, tags fripons dans les chiottes, c'était cettte vieille ruine au charme inaltéré : l'Université. J'y avais passé près de quarante ans, elle ne m'avait pas ouvert les portes aussi grandes que je l'aurais souhaité, elle m'avait déçu mais enfin c'était mon monde, mon environnement naturel. (pp. 89-90, éd. J'ai lu)

Les lois de l'indignation collective étaient peu lisibles, on pouvait certes anticiper certaines réactions, on pouvait lire des signes mais on ne manquait jamais d'être surpris, les coups ne venaient pas du lieu exact d'où on les attendaait. De ce point de vue la twittosphère était un lieu où s'exprimait une réelle créativité. Dans mon cas, le mot qui fit l'effet d'une giclée d'essence sur un feu moribond n'était pas ma sortie sur le collègue gabonais, ni mes explications embrouillées sur Frazier, non, ce mot était le dernier que j'avais lancé à la figure de Vichinski : "lynchage". "C'est un lynchage.", avais-je dit. Il m'avait sauté  à la tronche comme une mine antipersonnelle à la tronche de son poseur maladroit. (p. 380)

 

 

Dans Cinéma

Magma

Par Le 19/03/2025

MagmaL'intention de ce film signé Cyprien Vial est intéressante. Il s'agit de montrer le travail des volcanologues qui ont à faire des diagnostics sur le danger imminent ou non. Ce sont les politiques qui prennent la décision ou non d'évacuer tout ou partie de la population, laquelle se soumet ou non, parfois dans un climat de tension sociale. Ce n'est pas véritablement un film catastrophe.

On est à la Guadeloupe : les images sont belles. Cela suffit-il pour faire un très bon film ? Le tandem Katia (la directrice de l'Observatoire interprétée par Marina Foïs)-Aimé (le thésard interprété par Théo Christine) fonctionne bien quand ils finissent par diverger sur l'évaluation du risque. On aimerait une part de romanesque pour soutenir une tension cependant réelle. 

Dans Cinéma

L'attachement

Par Le 22/02/2025

Ce film de Carine Tardieu brosse le portrait en touches légères d'une quinquagénaire célibataire, indépendante, qui s'attache à la famille de son voisin de palier, un jeune veuf qui se retrouve avec deux enfants, un garçon de 7 ans et le bébé qui vient de naître : Lucille...

Attachement doc120 2025 web 662x900Sandra, une libraire incarnée par Valeria Bruni Tedeschi est adoptée par un petit clan familial original jusqu'à l'échec du second mariage du père. C'est une belle histoire scandée durant 2 ans par la croissance de Lucille dont l'âge sert de tête de chapitres. On a envie de croire, sans y croire vraiment, à cet hymne à la tendresse et à la solidarité, sans mièvrerie, émaillé de réflexions féministes sur le rôle traditionnel de la femme destinée à la procréation. Entre ceux qui aiment trop et ceux qui n'aiment pas assez, quelle est au juste la place des enfants ?

Un beau trio d'acteurs ( Valéria Bruni, Pio Marmaï, Vimala Pons) qui vous interroge et vous emporte malgré vous vers l'émotion…

Dans Cinéma

The brutalist

Par Le 17/02/2025

Ce film de Brady Corbet conte l'histoire d'un architecte talentueux László Tóth, rescapé de la Shoah, émigré aux Etats-Unis. Un destin fracassé.

The brutalitsLes acteurs sont brillants, à commencer par Adrien Body qui incarne le protagoniste. Sans doute le film traite-t-il trop de thèmes à la fois : l'immigration, le racisme, le pouvoir de l'argent, la drogue, le sexe, le désenchantement, mais il inscrit le destin individuel de ses personnages dans une période de l'Histoire que les contemporains ne sauraient oublier, méconnaître. Je retiens l'hymne à l'architecture, cet art premier que l'homme a inventé pour construire, aménager le monde inhospitalier dans lequel il est appelé à vivre, et dont il augmente lui-même la brutalité. Si l'architecte doit satisfaire la volonté, les fantasmes de ses commanditaires, ses créations (comme celles de tout artiste) restent conditionnées par sa propre biographie et son ressenti. L'épilogue est intéressant à cet égard.

Ce film à la construction originale est à voir en n'oubliant pas sa durée (plus de 3 heures) dont le cinéaste a fait le pari.

Dans Cinéma

Jane Austen a gâché ma vie

Par Le 04/02/2025


Ce premier film de Laura Piani
offre au spectateur ce que l'apprentie romancière, Agathe, demande à la littérature : une forme d'échappatoire aux tracas de la vie quotidienne, la sensation "d'être humaine", vivante …

AustenQuelle jeune femme, incertaine quant à sa vie amoureuse, n'a-t-elle pas rêvé plus ou moins consciemment de rencontrer un Darcy (le séducteur d'Orgueil et préjugés) ? Si le film ne se prend pas au sérieux, il faut néanmoins en suivre les dialogues et faire le parallèle avec l'univers fictif de Jane Austen. Oui, celle-ci peignait enfin de vraies femmes avec de vraies aspirations, de vrais sentiments ; la figure féminine, comme le fait remarquer Agathe, n'avait été jusqu'alors que peinte par les hommes : "idéalisée ou diabolique"...  Agathe, la protagoniste du film, est bien réelle, tantôt amusante, tantôt attachante. Cette comédie sentimentale dont les effets sont attendus est interprétée par Camille Rutherford, Charlie Anson, Pablo Pauly et l'on se laisse volontiers prendre à leur jeu. Ajoutés à la recette littéraire de ce premier long métrage, un brin de poésie, un brin d'humour, une touche désuète et de la musique…

 

Dans Cinéma

Je suis toujours là

Par Le 18/01/2025

Un thriller politique magistral de Victor Salles

BresilLa disparition de l'ex-député de gauche, Rubens Paiva, enlevé par la milice, est un drame individuel envisagé du point de vue de sa famille qui offre un bouleversant exemple de résilience. La mère interprétée par Fernanda Torres est animée d'un courage exceptionnel pour survivre avec ses cinq enfants. Elle deviendra avocate.

Ce film qui retrace un épisode des plus sombres de l'histoire du Brésil (la dictature militaire des années 1970), est adapté du roman de Marcelo Rubens Paiva. S'il a, à juste titre, un franc succès auprès des Brésiliens, il ne peut laisser indifférents les spectateurs de tous pays. Le "plus jamais ça" que l'on applique aux guerres et à des épisodes dramatiques de l'Histoire n'est pas acquis. Combien d'autres disparus dans les dictatures de tous bords ? 

Dans Cinéma

Un ours dans le Jura

Par Le 03/01/2025

175fbcee8f625ac212b06378b2d34435Une comédie noire réussie avec des acteurs épatants dirigés par Franck Dubosc qui en est à son troisième film en tant que réalisateur. Quid de cet argent tombé du ciel sur cette famille de marchands de sapins — finalement sur la communauté villageoise — à cause d'un ours improbable dans les forêts jurassiennes ? De rebondissements en rebondissements, on se réjouit jusqu'à la fin de ce thriller enneigé et endiablé …

Jamais sans mon psy

Par Le 30/12/2024

PsyJamais sans mon psy, un film de Arnaud Lemort

On voulait rire pour changer, on a souri tout au plus puis on s'est lassé. Les gags sont attendus, les plaisanteries revendiquées par les personnages sont assez lourdes. Dommage ! Christian Clavier n'est pas à contre emploi, Christiana Reali est toujpurs agréable, aucun acteur ne démérite. La satire des trois métiers lucratifs dans le vent : psychanalystes, naturopathes, hypnothérapeutes est trop tiède à mon goût. Sans doute fallait-il rester dans la comédie bon enfant afin de ne pas choquer les adeptes… Une scène qui n'a rien à voir avec le thème a retenu mon attention, rappelant le grand Hitchcock dans Les oiseaux…

Dans Cinéma

Sarah Bernhardt

Par Le 25/12/2024

BernarhdtUn biopic de Guillaume Nicloux avec Sandrine Kiberlain pour  incarner Sarah Bernhardt, la Divine

Seuls les puristes du genre et les cinéphiles chevronnés trouveront quelque chose à redire à ce film que j'ai beaucoup aimé. Il faut dire que j'étais assez ignorante de la vie de cette grande tragédienne française qui remuait les foules à tous les sens du terme, parfois jusqu'aux larmes. Ce rôle prestigieux est tenu par Sandrine Kiberlain au sommet de son art. N'oublions pas Laurent Lafitte en Lucien Guitry. A ce propos, quel plaisir d'entendre aussi le nom de Sacha Guitry qui rencontre La Divine à l'âge de 11 ans pour monter sur scène et la célébrer ! Ainsi que le nom de tant d'hommes célèbres qui ont connu la star, souvent au sens biblique du terme. Sarah Bernhardt était une femme libre avec un cœur énorme qui battait pour toutes les injustices et les drames de son époque et Sandrine Kiberlain le crie haut et fort… Une grande dame qui insuffle du courage devant l'adversité et dont la voix en remontrerait beaucoup aujourd'hui à certaines néo féministes.

Dans Nature

Le carmona microphylla

Par Le 18/12/2024

Carmona 1Le carmona microphylla : ma dernière acquisition et quelle belle surprise ! Fin décembre, ce bonsaï âgé de 10 ans, originaire d'Asie tropicale, fleurit ! On l'appelle "arbre à thé de Fukien". Selon une légende, il est associé à la déesse Guän Yin, Fukien étant le paysan qui l'aurait offert à la déesse pour la remercier de la guérison de sa femme… Je vais le choyer autant que possible…

Dans Cinéma

ARCHIVES

Par Le 08/12/2024

Promesse verteLA PROMESSE VERTE
La presse est loin d'être unanime sur ce film qui manquerait de souffle et serait truffé d'incohérences selon certains. Pour moi, l'intérêt se maintient sans peine durant deux heures avec de vrais moments d'émotion et des vues grandioses de paysages indonésiens. De quoi s'agit-il ? D'un plaidoyer contre la monoculture de l'huile de palme, cause de la destruction de la forêt primaire. Au travers de l'histoire d'une mère (excellente interprétation d'Alexandra Lamy) qui met tout en œuvre pour sauver son fils (Félix Moati) injustement accusé et condamné à mort, on sent la menace qui pèse sur la biodiversité, sur les peuples autochtones et à terme sur l'humanité avec le réchauffement climatique que la déforestation aggrave. Les activistes mènent un combat inégal contre les lobbies politiques et financiers. L'huile de palme déjà présente dans nombre de produits, serait destinée à la production de biocarburants. Une aberration écologique ! On était au courant, mais le film achève de convaincre.

Dans Cinéma

Le choix

Par Le 03/12/2024

ChoixUne gageure que ce film de Gilles Bourdos : un homme seul dans sa voiture au téléphone, durant tout le film ! Mais c'est réussi. Joseph Cross incarné par Vincent Lindon capte notre attention et notre empathie. Son choix va affecter  sa vie professionnelle, sa vie familiale et plus encore… Une phrase de sa femme que bien sûr, on ne voit pas à l'écran : Entre "jamais" et "une fois", il y a la différence entre le bien et le mal. Même si l'on pense que le bien et le mal sont intrinsèquement mêlés, cette histoire (en béton) donne à réfléchir.

Dans Cinéma

Gladiator 2 de Ridley Scott

Par Le 22/11/2024

GladiatorIl n'est pas nécessaire d'avoir revu Gladiator 1 (à la télé) pour comprendre et suivre l'action de ce nouvel opus de Ridley Scott, mais précisément, si on vient de le revoir (ou s'il est resté en mémoire, mais plus de 20 ans, c'est long…), on est un brin déçu, parce que Paul Mescal (Lucius) n'a pas le charisme de Russell Crow  (Maximus dont on découvre ici qu'il est le père de Lucius) et parce que l'arène est devenue par trop sanglante et délirante. Délirante comme les successeurs de Commode à l'esprit déjà dérangé. La guerre civile menace à Rome au déclin annoncé avec le "panem et circenses" dont le peuple est abreuvé dans le grand théâtre du divertissement qu'est le Colisée. Nous suivons avec empathie le destin de Lucilia, la fille aimée et aimante de Marc Aurèle, mais sommes peu admiratifs du spectacle offert par le numérique dont le cinéaste use et abuse... Mais après tout, ce peplum empreint de modernité ne se voudrait-il pas plus allusif à une certaine politique du monde actuel que soucieux d'une vérité historique révolue ? 

Dans Cinéma

Finalement

Par Le 14/11/2024

FinalementRespect pour ce film quasi testamentaire ! Claude Lelouch revisite les thèmes (déportation, justice, religion, famille, amour) qui ont marqué ses 50 précédents films, mais l'impression d'un inventaire à la Prévert qui traîne en longueur se dissipe assez vite grâce à la prestation époustouflante de Kad Merad et à la musique, personnage à part entière. Une ode à la vie, à la liberté et au cinéma.

Dans Cinéma

L'amour ouf

Par Le 10/11/2024

Un film ambitieux de Gilles Lellouche

Amour oufUn long métrage de 2 heures 40 qui a tout pour séduire un public adolescent. Pour les autres, on ne va pas bouder quelques instants de grâce au point de vue purement cinématographique. Les scènes de braquage, la guerre des gangs, donnent une impression de déjà vu. Quant à la critique sociale, elle est un peu trop appuyée pour toucher vraiment. Un West Side Story étonnant dans la France du Nord…

Dans Cinéma

Juré n° 2

Par Le 30/10/2024

Jure 2Un film de Clint EASTWOOD ! C'est le nom du cinéaste nonagénaire qui fait mouche… Salle comble à la sortie du film, mais les anciens ont en mémoire Les douze hommes en colère de Sidney Lumet et restent sans doute sur leur faim. Les délibérations des membres  du jury, plus concernés par leurs impératifs familiaux que par le sort promis à l'accusé, tombent un peu à plat et le dilemme du juré n° 2 n'émeut guère. On retiendra le rôle de Madame la procureure, devenue femme politique, incarné par Toni Colette. Bien sûr, les jeunes générations ne doivent pas manquer les réflexions que soulève ce film sur les limites de la justice ; qu'elle soit américaine ou non ne fait rien à l'affaire.

Dans Cinéma

Miséricorde

Par Le 17/10/2024

MisericordeUn film d'Alain Guiraudie dont le titre n'annonce rien de métaphysique car il s'agit d'une fable rurale profondément humaine en forme de polar, unique en son genre.

Tout se passe dans une forêt magnifiée par l'automne, dans quelques maisons villageoises, un presbytère et le cimetière (entr'aperçu)… La talentueuse Catherine Frot  évolue presque innocemment dans un monde d'hommes aux désirs parfois inassouvis. En bref, ce film est un régal amoral.

Dans Cinéma

Quand vient l'automne

Par Le 13/10/2024

AutomneDu pur Ozon ! Et tant pis pour ceux qui n'aiment pas, qui voient superficialité, lenteur, etc., là où il y a subtilité. Les non-dits, les métaphores foisonnent qui laissent le spectateur se poser des questions longtemps après la sortie de la salle. Dans le décor de la superbe campagne bourguignonne (qui n'est pas un simple décor…),  François Ozon fait évoluer des personnages dotés d'une épaisseur peu commune, incarnés  par Hélène Vincent (qui éclaire tout le film), Josiane Balasko (bien éloignée de ses rôles comiques), Pierre Lottin (qui porte brillamment un rôle très ambigu), Ludivine Sagnier (qu'on peut oublier, mais qui joue bien le rôle de ces enfants ingrats que l'on trouve dans toutes les familles). Bref, ne déflorons pas le sujet, restons dans le clair obscur et laissons chacun s'interroger sur la frontière entre le bien et le mal…

Léonie B.

Par Le 10/10/2024

LeonieLéonie, épouse du peintre François-Auguste Biard, participe à l'expédition scientifique Gaimard au Spitzberg en dépit du fait qu'une femme ne peut en principe être admise à bord d'un bâtiment de la marine nationale. Outre sa beauté, sa jeunesse, c'est ce qui fascinera Victor Hugo lorsqu'ils se rencontreront (une rencontre arrrangée pourrait-on dire). Ils deviennent amants. Hugo a déjà une maîtresse : Juliette qui l'adore. Il est dûment marié à Adèle qui le trompe avec Sainte-Beuve, et il perd sa fille chérie Léopoldine dans les circonstances que tout le monde connaît. Convaincue d'adultère, Léonie va purger une peine de six mois à la prison Saint-Lazare, puis chez les Augustines, au couvent. Cela n'a pas coûté à Hugo sa nomination à la Chambre des pairs, mais un poste de ministre, malgré toute l'indulgence que voue Louis-Philippe au grand homme. J'ai lu ce roman au style enlevé, d'un trait, très intéressée par les concordances de quelques épisodes de la vie quotidienne de Victor Hugo à cette époque avec quelques protagonistes des Misérables. Jusqu'à ce que je parvienne à l'épilogue suivi d'une note de l'auteur que je transcris en partie :

"Pour sonder la pensée du grand Victor Hugo, pour percer ses silences ou éclairer ses doutes, il a fallu plonger au plus profond de ses textes. J'ai fouillé ses récits autobiographiques, exhumé les morceaux de sa vie fictionnée qu'il avait parsemés dans tel ou tel roman, dans tel ou tel poème. Je connais mon Hugo depuis le temps que je le fréquente […] Tout est parti de Hugo. Tout s'achève avec lui. Je ne suis qu'un passeur doué d'imagination car une fois de plus dans ce roman tout est vrai, ou presque…"

Auteur du Dictionnaire amoureux de Victor Hugo (Plon, 2023), Sébastien Spitzer est administrateur de la Société des Amis de Victor Hugo.

L'ananas Victoria

Par Le 08/10/2024

Ananas octobreFaire pousser un ananas chez soi est un jeu d'enfant (presque)

Au mois de mai 2024, j'ai choisi un ananas Victoria de Madagascar, non pour la quantité de fruit à déguster (c'était bien peu), mais pour l'aspect de ses feuilles. La couronne était parfaite, sans flétrissures. J'ai coupé à la base, détaché une à une  les petites feuilles et après avoir dégagé deux bons centimètres de tige, j'ai laissé tremper dans l'eau d'un récipient en verre à col évasé. Quand des racines sont apparues, j'ai transplanté dans un terreau  de rempotage. Et voilà le résultat en ce début octobre 2024. Voyez le cœur : un nouvel ananas se formera au bout d'une nouvelle tige. Croisons les doigts  pour qu'elle apparaisse bientôt. Pour l'instant, la plante supporte la température extérieure, je la rentrerai aux premiers frimas…  A  suivre

Ananas octobre 3

Dans Cinéma

Le fil

Par Le 16/09/2024

Le filFilm de  procès écrit par l'avocat Jean-Yves Moyart, alias Maître Mô, adapté et réalisé par Daniel Auteuil, avec Daniel Auteuil et Grégory Gadebois (excellents)

Quid de l'intime conviction ? De celle du spectateur et de celle de l'avocat pénaliste qui défend un homme accusé du meurtre de sa femme ? Un suspense psychologique bien conduit jusqu'à la fin qu'il ne faut surtout pas manquer… Maître Jean Monier était-il là pour "sauver" son client ou tout simplement pour le défendre ?

La séduction Une passion française

Par Le 12/09/2024

MuchembledRobert Muchembled, professeur honoraire des universités de Paris, signe aux Belles  Lettres un essai passionnant sur le jeu de séduction entre les sexes et les milieux sociaux à partir du règne de François Ier jusqu'à nos jours. Femme fatale opposée à l'épouse chaste et obéissante, mythe de la Parisienne, contraste entre amours au village et amours à la ville, hauts et bas en matière de misogynie, selon les époques, tout cela apparaît au travers des œuvres littéraires, des films, des BD pour repérer les théories et les pratiques.

J'ai savouré les pages sur les aventures des présidents successifs de notre République qui n'avaient rien à envier à Louis XV. Qui fut le "roi des séducteurs", je vous le demande…

 Pour être plus personnelle, j'ai aimé l'évocation de l'adolescence "contrôlée" des plus âgés d'entre nous. Surprise et intéressée par l'évocation de la vie des instituteurs et institutrices sous la férule du Code Soleil, leur code moral professionnel, du nom d'un chef de bureau qui a rédigé cet opuscule resté figé de 1923 à 1979. Le métier était conçu comme un apostolat. Je cite : "Le maître devenait le guide intellectuel, moral et social de la colectivité qui l'entoure. Il lui fallait donc être irréprochable dans sa tenue, son comportement public, sa vie privée, celle-ci étant l'illustration de la leçon de morale ou de civisme qu'il donne à l'école. L'institutrice devait plus encore se contrôler, car tout écart de sa part alimenterait les mauvaises langues. Elle avait droit (quand même) à une vie privée, à condition d'éviter les fréquentations douteuses et de ne pas se mêler le samedi soir aux filles de son âge pour aller au bal, mais de rester sagement derrière sa fenêtre pour regarder les malheureuses partir se perdre dans de tels divertissements." ( p. 287) 

L'auteur a évité de rédiger un ouvrage didactique corseté dans un appareil de notes, ce qui rend le livre parfaitement accessible à un large public de curieux et curieuses de tous âges férus d'histoire et d'authenticité. Il n'hésite pas à illustrer concrètement le propos avec sa propre généalogie et sa propre expérience de vie. En qualité de lectrice, je n'hésite pas à avouer que je n'ai pas été une pure adepte du Code Soleil dans toutes ses composantes (je pense au bal du samedi soir…), mais que j'ai toujours théoriquement et pratiquement considéré que le métier d'enseignant(e) n'est pas tout à fait un métier comme les autres.

Bravo au parcours professionnel de Robert Muchembled qui, parti d'un milieu modeste, a franchi toutes les étapes et obstacles pour accéder  aux plus hauts grades universitaires et produit plus de trente ouvrages.

Dans Cinéma

La nuit se traîne

Par Le 29/08/2024

Un thriller de Michiel Blanchart

MadyBruxelles by night en pleine manifestation Black life matters. La nuit de Mady, étudiant le jour, serrurier la nuit, sera longue, pleine de dangers ! Mention spéciale pour Romain Duris dans le rôle du truand par qui tout peut arriver… A vrai dire, le film lui, ne traîne pas ; on en ressort un peu soufflé.

"Dîner à l'anglaise" de Matt Winn

Autre thriller de lété, huis-clos, quasi théâtral, tout à fait réjouissant si l'on aime l'humour noir et le suspense bien sûr.

Mémoires de Madame Roland

Par Le 10/08/2024

RolandMadame Roland écrit ses Mémoires en prison. La guillotine l’attend (Elle sera exécutée le 8 novembre 1793). Le temps lui manquera pour se relire, évoquer plus précisément des moments de vie qui lui tiennent à cœur.

Marie-Jeanne Phlipon épouse Jean-Marie Roland qui a vingt ans de plus qu’elle, le 4 février 1780. Révolutionnaires de la première heure, les Roland défendent les thèses de leur ami Brissot contre Robespierre, c’est ce qui causera leur perte. Madame Roland est l’égérie des Girondins. Laissons de côté les Notices historiques, les Portraits et anecdotes qui m’intéressent au premier chef, mais pour un ouvrage en cours.

Les Mémoires particuliers rédigés aux prisons de Sainte-Pélagie, le 9 août 1793 commencent ainsi : « Fille d’artiste, femme d’un savant devenu ministre et demeuré homme de bien, aujourd’hui prisonnière, destinée peut-être à une mort violente et inopinée, j’ai connu le bonheur et l’adversité, j’ai vu de près la gloire et subi l’injustice. »  Avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, beaucoup de personnes s’engageraient-elles aussi fermement dans une rétrospective de leur vie ? Mais « c’est vivre une seconde fois » et « qu’a-t-on de mieux à faire en prison que de transporter ailleurs son existence par une heureuse fiction ou par des souvenirs intéressants » ?

L'enfance de Madame Roland fut heureuse grâce à la vigilance de sa nourrice et l’affection de ses parents — au demeurant sévères ­— qui avaient perdu leurs six autres enfants. Manon – c’est ainsi qu’on l’appelait — savait lire dès l’âge de quatre ans. Son désir d’apprendre faisait la joie de ses maîtres. Elle avait dix-huit ans quand M. Marchand qui lui avait enseigné la géographie et l’histoire mourut à l’âge de 50 ans ; elle honorait particulièrement ce précepteur au point de lui avoir rendu visite dans ses derniers jours. Les portraits familiaux sont brossés à la fois avec franchise et bienveillance. L’évocation de ses lectures de jeunesse est édifiante ; c’est Plutarque qui a fait d’elle la républicaine qu’elle ne songeait pas à devenir alors !

 On parle à l’envi de lectures de vacances : elles sont calibrées et peuvent être vite effacées. Ce récit de vie ne mérite pas l’oubli et si par un improbable hasard, les néo-féministes lisaient les textes de Madame Roland, de salutaires réflexions leur viendraient sans doute à l’esprit. Je ne développerai pas davantage ce récit d’une vie qui valait d’être vécue et qui vaut d’être (re)découverte, autrement que par Wikipedia…

Je termine par des citations extraites d’une conversation que Manon avait eue avec son père à propos du mariage : « Je ne suis pas juge du bonheur d’autrui et je n’attache point le mien à l’opulence ; je ne conçois de félicité dans le mariage que par la plus intime union des cœurs ; je ne puis me lier qu’à qui me ressemble, et encore faut-il que mon mari vaille mieux que moi, car la nature et les lois lui donnant de la supériorité, j’en aurais honte s’il ne la méritait véritablement. » Et à propos du commerce vanté par M. Phlipon : « Tenez, papa, j’ai trop bien vu qu’on ne réussissait dans le commerce qu’en vendant cher ce qu’on avait acheté grand marché, qu’en mentant beaucoup et rançonnant le pauvre ouvrier ; je ne saurai jamais me prêter à rien de semblable, ni respecter celui qui s’en occupe du matin au soir : or je veux être une honnête femme et comment serais-je fidèle à l’homme dont je ne tiendrais nul compte, en admettant que j’eusse pu l’épouser ? »

Autres temps, autres mœurs, vraiment ?

(Le Temps retrouvé, Mercure de France, 1966 et 1986, édition présentée et annotée par Paul de Roux)

à Paris, le 10 août 2024, S. G.-A.

Dans Cinéma

Le comte de Monte Cristo

Par Le 05/07/2024

Edmond Dantès et l'esprit de vengeance sont de retour ! 

Comte de monte cristoLes adaptations du Comte de Monte Cristo sont nombreuses depuis 1908 ! J'ai revu récemment en replay la mini-série télévisée de 1998 avec la famille Depardieu (père, fils et fille) dans les rôles-clefs. La curiosité m'a poussée à aller voir en salle le film d'Alexandre de la Patellière et Mathieu Delaporte (sorti le 28 juin 2024) ; ils ont donné un rôle sur mesure à  Pierre Niney pour incarner le jeune marin qui revient de l'enfer du château d'If pour se venger des "amis" qui l'ont trahi. Pour n'être pas raisonnable, la comparaison de ces deux versions est inévitable. Inutile de me demander laquelle est la plus fidèle à l'œuvre célébrissime d'Alexandre Dumas ; ce serait peine perdue à moins de relire le livre qui enchanta mon adolescence. L'essentiel est peut-être que les  jeunes d'aujourd'hui qui sont loin de connaître les mythes de la littérature française (les programmes scolaires sont-ils en cause ?) aient — grâce  à ce film — envie de remonter le temps. Même Harry Potter sombrera dans l'oubli. Mais ne nous égarons pas…

Il resterait à confronter les prestations de  Gérard Depardieu et de Pierre Niney, en faisant un détour par Jean Marais en 1954, pourquoi pas ? Lequel est le plus romantique ? Si j'ai revu la série télévisée avec intérêt, c'est pour les dialogues de Didier Decoin et la mise en scène de la grande cinéaste Josée Dayan. Que retenir de ce nouveau film ? Sans nul doute, l''épisode très réaliste et attendu du château d'If. Malgré le duel de la fin, digne des films de cape et d'épée — passés de mode —  qui traîne en longueur, je "décerne" un satisfecit à l'ensemble.

Le calamondin

Par Le 09/06/2024

Calamondin 2Le calamondin est réputé comme l'agrume idéal pour l'intérieur. Or, celui-ci a passé tous les hivers depuis 8 ans à l'extérieur, sur le balcon. Je commençais à désespérer car depuis 2 ans, il ne donnait pas de fleurs donc pas de fruits. Il avait été rempoté 2 fois... Et soudain en plein mois d'août 2023, avec la météo parisienne (alternance de pluie et de soleil), il s'est mis à fleurir. Les butineurs se sont régalés pendant 8 jours. Et de minuscules fruits sont apparus.

Et le voici en juin 2024 !

Les fuchsias

Par Le 04/06/2024

V fuchsiasLongtemps, j'ai mal orthographié le nom de ma fleur… préférée, jusqu'à ce que je découvre Leonhart Fuchs, ce médecin et botaniste allemand du XVIe siècle (auteur d'une Histoire des plantes) en l'honneur de qui on l'a ainsi nommée : fuchsia. Si j'avais de la place et un balcon pas trop exposé au soleil, je serais volontiers collectionneuse… Jusqu'à ces jours derniers, mes 5 variétés (dont une — celle de gauche — a déjà passé un hiver dehors et m'a offert la belle surprise de refleurir) ont bien prospéré car il a beaucoup plu… On peut trouver sur Internet tous les conseils de culture et de multiplication. Je me contenterai de citer Marcel Proust qui dans Du côté de chez Swann  évoque cette fleur : "Les fuschias prenaient la mauvaise habitude de laisser leurs branches courir partout tête baissée. Les fleurs n'avaient rien de plus pressé quand elles étaient assez grandes d'aller rafraîchir leurs joues violettes et congestionnées contre la sombre façade de l'église." Cliquez sur l'image pour agrandir.

Dans Nature

Des coquelicots en ville

Par Le 26/05/2024

V coquelicots 1Des coquelicots en ville ou Quand la nature reprend ses droits…

Encore un effort ! Restent les grilles dénoncées par Maxime le Forestier dans sa chanson Comme un arbre dans la ville. Voir la page sur la végétalisation sur mon autre site (arbres-aujourdhui). Cette photo a été prise à la mi-mai, avenue des Gobelins (75013), par temps de pluie. Cliquez pour agrandir.

Vous avez une photo dans le même genre ? Donnez suite à cet article…

L'alocasia zebrina

Par Le 19/05/2024

V alocasia z 3Il existe, paraît-il, 79 espèces d'alocasia. Celle qui a ma préférence et qu'on peut trouver dans certaines jardineries est l'alocasia zebrina, la bien nommée si l'on considère l'aspect de ses longues tiges. Ces tiges puissantes stockent l'eau, mais l'entretien est assez délicat ; il arrive que la plante "pleure" (des gouttes perlent à l'extrémité des feuilles) si l'arrosage est excessif. Il faut à cette plante une grande luminosité sans soleil direct, des conditions de température idéales, bref, il faut la "chouchouter". Avis aux amateurs…

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Dans les oiseaux

Par Le 14/05/2024

Bec corbeauDans les oiseaux de Xavier Lapeyroux (éd. Anne Carrière)

Le titre est un peu déroutant pour ceux qui ne connaisssent pas Hitchcock (mais en existe-t-il ?)

Et si l'on pouvait changer la réalité en changeant la fiction ? Milan, spécialiste d'Hitchcock, donne des cours à l'école de cinéma, la Femis. La fiction est-elle plus terrifiante que la réalité ? Il se pose beaucoup de questions depuis le décès de Suzanne, sa dernière compagne, qui a été tuée par une attaque de corbeaux. Ceux-ci s'abattent par nuées sur Paris… Pour quelle raison, par quel hasard ? Suzanne ressemble à l'héroïne du film Les oiseaux. Le hasard existe-t-il ? Inconsolable, Milan va s'évertuer à rembobiner en quelque sorte le film jusqu'au point de basculement où Suzanne meurt et s'il peut empêcher cette mort… Oui, il faut le suivre dans ses fantasmagories, et son stratagème pour reconstituer le scénario dans la réalité : ce n'est pas évident, même si l'on apprécie le fantastique. Mais si l'on a aimé le film d'Hitchcock vu (et revu), on tourne les pages jusqu'au bout. Si l'on aime les oiseaux et les corvidés en particulier, c'est une autre paire de manches, l'auteur ne semble pas bien les connaître. Un roman à conseiller  ? Je ne m'y hasarderai pas.

Dans Cinéma

Boléro

Par Le 11/05/2024

Un film d'Anne Fontaine avec Raphaël Personnaz et Jeanne Balibar

Il s'agit du biopic de ce monument de la musique classique qui, depuis sa création, ne cesse de retentir, à tout moment, quelque part dans le monde sur son rythme obsédant. Où est le compositeur ? Maurice Ravel est bien présent, toujours élégant, un peu austère, un peu énigmatique, lui-même obsédé par la crainte de n'être pas à la hauteur. Sans doute ne s'aimait-il pas assez. Le film ne nous dit pas grand chose sur la vie intime de ce génie dans le Paris de l'entre-deux guerres, mais le mystère lui sied si bien…

Ecoutons donc le boléro par l'orchestre symphonique de Biarritz sur le site de Josiane Guitard-Morel

La mélancolie des corbeaux

Par Le 10/05/2024

De Sébastien Rutès (4ème de couverture)

Au parc Montsouris, le long des pentes de la voie ferrée désaffectée, Karka le Corbeau freux vit en ermite dans un arbre. Dédaigneux des Pies bavardes et des Canards cancaniers, ses voisins, il coule des jours mélancoliques à contempler le passage des nuages et la vie sur les rives du bassin, depuis qu'autrefois son aile fut brisée par un Epervier. Aux questions amères que lui inspire son destin il ne trouve pas d'autres réponses que celles que lui dicte l'instinct, dont il ne se satisfait guère. Animal marginal, il ressasse en solitaire sa nostalgie des forêts jusqu'au jour où les Mouettes colportent au parc la rumeur de la disparition des bêtes du bois de Boulogne et que Krarok, le Grand Corbeau du Conseil des animaux de Paris, se résout enfin à le faire mander, après toutes ces années. Dans la charpente de Notre-Dame, où Krarok tient audience sous l'Aigle mystique de saint Jean, ont lieu les retrouvailles et la révélation : des Lions rôderaient dans les bois de Paris ! Avant qu'ils ne s'en prennent aux Humains, Karka, l'ancien messager oublié des conseillers, doit mener l'enquête avec une Tourterelle imbue de sa blancheur, une séduisante Corneille et un fantasque Toucan qu'il a libéré de sa cage...

Avec Mélancolie des corbeaux, son premier roman à paraître dans la collection "Actes noirs", Sébastien Rutés compose une variation étrange et envoûtante sur le roman d'investigation, à mi-chemin entre la fable animalière et le conte philosophique.

Biographie : Maître de conférences, Sébastien Rutés enseigne la littérature latino-américaine. Spécialiste des genres, il a publié de nombreux articles universitaires sur le roman policier hispano-américain et un essai consacré au Mexicain Paco Ignacio Taibo II. Il est l'auteur de plusieurs nouvelles, en espagnol et en français, et de deux romans publiés aux éditions L'Atinoir : Le Linceul du vieux monde (2008) et La Loi de l'Ouest (2009).

 

Dans Cinéma

Border line

Par Le 09/05/2024

Un film de Juan Sebastian Vasquez et Alejandro Rojas

Diego et Elena veulent vivre "le rêve américain" et s'installer en Floride. Mais ils sont stoppés net à la police des frontières. Nous assistons à un huis clos oppressant entre un duo d'officiers de l'immigration face à ce couple brillamment incarné par Alberto Ammmann  et Bruna Cusi. L'interrogatoire devient de plus en plus intrusif et nous tient en haleine jusqu'au bout, la situation menaçant de dégénérer à tout moment. Diego, d'origine vénézuélienne — ce qui le rend suspect — et sa compagne pourront-ils accéder à une nouvelle vie ?

Jean-Pierre A.

Dans Cinéma

Madame de Sévigné

Par Le 06/05/2024

Un film d'Isabelle Brocard

J'ai été très intéressée par cette reconstitution d'une époque où les jeunes filles de la noblesse n'avaient d'autre choix que le couvent ou le mariage. Marie de Sévigné veut-elle réellement l'émancipation de sa fille en la mariant à Monsieur de Grignan et en la priant (suppliant) de venir la rejoindre à Paris ? Voici une fille (Ana Girardot) sous l'emprise de sa mère (Karin Viard). Le scénario est original, l'interprétation excellente, on ne se lasse pas d'admirer les décors, les paysages…La fille se rebelle et choisit sa propre dépendance… Mais Madame de Grignan a conservé les lettres de sa mère, qui, parvenues jusqu'à nous, restent un chef d'œuvre de la littérature française. J'aurais aimé ressentir un peu plus d'émotion.

 A la sortie du film, j'ai publié cet article sur le blog de Josiane Guitard-Morel qui a écrit récemment des articles sur "Ecole et cinéma"

La gynura aurantiaca

Par Le 02/05/2024

Plante pourpre 2Placée en évidence devant une fenêtre, cette plante dite de velours,  a plus ou moins d'éclat selon la lueur du jour, mais elle attire le regard. De culture aisée (avec un arrosage modéré). Bouturage facile. 

Dans Nature

Bonsaïs

Par Le 02/05/2024

B bonsaisIls ont été empruntés à un sous-bois en 2019. Je n'en suis pas très fière, mais c'était dans un espace où les promeneurs négligents écrasent sans vergogne les jeunes pousses. (cliquez pour agrandir)

Comme on le sait, la culture traditionnelle de ces arbres miniatures est tout une technique chinoise, japonaise, etc. qui vise, par ligature et taille, à donner une forme esthétique (proche de la nature ?). Le marronnier m'a plu parce qu'il avait déjà cette courbure du tronc ; pour l'autre, il y a eu une tentative à laquelle j'ai renoncé. Sous la pluie, le vent, le soleil, ils tiennent bon. Ils ont perdu leurs feuilles en hiver, ils viennent de les retrouver. Je n'ai pas de conseils à donner, seulement à émettre un doute, philosophiquement parlant... Petit arbre deviendra grand pourvu que..

Un aperçu de l'impressionnante collection de bonsaïs du parc Floral de Paris (instagram)

"Le maître des esprits", Robert de Laroche

Par Le 30/04/2024

Robert de larocheCe polar a la saveur des nouvelles fantastiques « Manières noires » que Robert de Laroche a publiées en 2009. Mais « Le Maître des esprits » offre bien plus que cela. Le lecteur découvre Venise au temps dit des « Lumières » dans ses aspects à la fois les plus étincelants et les plus sombres. Le comte Flavio Foscarini, grand amateur de mystère, mène l’enquête à ses risques et périls, avec l’aide d’Assin, sa chère épouse, et de Gasparo, un jeune écrivain désargenté. Il goûte le repos auprès de ses chats, Francesco et Mafalda,  qui ne font pas seulement partie du décor… Pour notre plus grand plaisir, Robert de Laroche fait savamment se côtoyer des personnages ayant réellement existé (Madame d’Urfé, Moncrif, Rosalba Carriera, Gasparo Gozzi, etc.) et  des personnages sortis de son imaginaire foisonnant (à commencer par ce Mage malfaisant qui prétend communiquer avec les esprits).

Sa parfaite connaissance de la Sérénissime entraîne le lecteur dans un roman haletant où l’on ne serait pas loin de partager la peur des Vénitiens sur lesquels s’abattent  de mystérieux et terribles événements, sans une certaine dose d’humour propre à tempérer l’horreur de quelques scènes. Laissons-nous emporter au-delà de notre quotidien par ce deuxième opus  en compagnie de Flavio Foscarini  — qui ressemble étrangement à l’auteur.

Photo : Robert de Laroche lors de la Rencontre- signature du 30  septembre 2023  à la librairie parisienne " Fontaine Villiers".

Dans Nature

Tags !

Par Le 30/04/2024

V tagsLes tagueurs oublient que l'arbre n'est pas aussi résistant que son aspect et sa longévité le laissent penser. Les scarifications qui lui sont infligées  sont autant de blessures qui peuvent s'infecter et l'affaiblir. J'ai lu dans Le Parisien du 6 août 2023 un dossier intitulé "Endommager des arbres peut vous coûter très cher" avec des exemples de villes d'Ile-de-France qui commencent à prendre des mesures. Intéressant ! De nouvelles lois se préparent pour la protection des arbres.  Cliquez pour voir l'arbre (au parc floral de Paris) en pied.

Mais… les graffitis sur les arbres sont parfois de précieux témoins historiques