Articles de iroise16
Finalement
Respect pour ce film quasi testamentaire ! Claude Lelouch revisite les thèmes (déportation, justice, religion, famille, amour) qui ont marqué ses 50 précédents films, mais l'impression d'un inventaire à la Prévert qui traîne en longueur se dissipe assez vite grâce à la prestation époustouflante de Kad Merad et à la musique, personnage à part entière. Une ode à la vie, à la liberté et au cinéma.
L'amour ouf
Un film ambitieux de Gilles Lellouche
Un long métrage de 2 heures 40 qui a tout pour séduire un public adolescent. Pour les autres, on ne va pas bouder quelques instants de grâce au point de vue purement cinématographique. Les scènes de braquage, la guerre des gangs, donnent une impression de déjà vu. Quant à la critique sociale, elle est un peu trop appuyée pour toucher vraiment. Un West Side Story étonnant dans la France du Nord…
Juré n° 2
Un film de Clint EASTWOOD ! C'est le nom du cinéaste nonagénaire qui fait mouche… Salle comble à la sortie du film, mais les anciens ont en mémoire Les douze hommes en colère de Sidney Lumet et restent sans doute sur leur faim. Les délibérations des membres du jury, plus concernés par leurs impératifs familiaux que par le sort promis à l'accusé, tombent un peu à plat et le dilemme du juré n° 2 n'émeut guère. On retiendra le rôle de Madame la procureure, devenue femme politique, incarné par Toni Colette. Bien sûr, les jeunes générations ne doivent pas manquer les réflexions que soulève ce film sur les limites de la justice ; qu'elle soit américaine ou non ne fait rien à l'affaire.
Miséricorde
Un film d'Alain Guiraudie dont le titre n'annonce rien de métaphysique car il s'agit d'une fable rurale profondément humaine en forme de polar, unique en son genre.
Tout se passe dans une forêt magnifiée par l'automne, dans quelques maisons villageoises, un presbytère et le cimetière (entr'aperçu)… La talentueuse Catherine Frot évolue presque innocemment dans un monde d'hommes aux désirs parfois inassouvis. En bref, ce film est un régal amoral.
Quand vient l'automne
Du pur Ozon ! Et tant pis pour ceux qui n'aiment pas, qui voient superficialité, lenteur, etc., là où il y a subtilité. Les non-dits, les métaphores foisonnent qui laissent le spectateur se poser des questions longtemps après la sortie de la salle. Dans le décor de la superbe campagne bourguignonne (qui n'est pas un simple décor…), François Ozon fait évoluer des personnages dotés d'une épaisseur peu commune, incarnés par Hélène Vincent (qui éclaire tout le film), Josiane Balasko (bien éloignée de ses rôles comiques), Pierre Lottin (qui porte brillamment un rôle très ambigu), Ludivine Sagnier (qu'on peut oublier, mais qui joue bien le rôle de ces enfants ingrats que l'on trouve dans toutes les familles). Bref, ne déflorons pas le sujet, restons dans le clair obscur et laissons chacun s'interroger sur la frontière entre le bien et le mal…
Léonie B.
Léonie, épouse du peintre François-Auguste Biard, participe à l'expédition scientifique Gaimard au Spitzberg en dépit du fait qu'une femme ne peut en principe être admise à bord d'un bâtiment de la marine nationale. Outre sa beauté, sa jeunesse, c'est ce qui fascinera Victor Hugo lorsqu'ils se rencontreront (une rencontre arrrangée pourrait-on dire). Ils deviennent amants. Hugo a déjà une maîtresse : Juliette qui l'adore. Il est dûment marié à Adèle qui le trompe avec Sainte-Beuve, et il perd sa fille chérie Léopoldine dans les circonstances que tout le monde connaît. Convaincue d'adultère, Léonie va purger une peine de six mois à la prison Saint-Lazare, puis chez les Augustines, au couvent. Cela n'a pas coûté à Hugo sa nomination à la Chambre des pairs, mais un poste de ministre, malgré toute l'indulgence que voue Louis-Philippe au grand homme. J'ai lu ce roman au style enlevé, d'un trait, très intéressée par les concordances de quelques épisodes de la vie quotidienne de Victor Hugo à cette époque avec quelques protagonistes des Misérables. Jusqu'à ce que je parvienne à l'épilogue suivi d'une note de l'auteur que je transcris en partie :
"Pour sonder la pensée du grand Victor Hugo, pour percer ses silences ou éclairer ses doutes, il a fallu plonger au plus profond de ses textes. J'ai fouillé ses récits autobiographiques, exhumé les morceaux de sa vie fictionnée qu'il avait parsemés dans tel ou tel roman, dans tel ou tel poème. Je connais mon Hugo depuis le temps que je le fréquente […] Tout est parti de Hugo. Tout s'achève avec lui. Je ne suis qu'un passeur doué d'imagination car une fois de plus dans ce roman tout est vrai, ou presque…"
Auteur du Dictionnaire amoureux de Victor Hugo (Plon, 2023), Sébastien Spitzer est administrateur de la Société des Amis de Victor Hugo.
L'ananas Victoria
Faire pousser un ananas chez soi est un jeu d'enfant (presque)
Au mois de mai 2024, j'ai choisi un ananas Victoria de Madagascar, non pour la quantité de fruit à déguster (c'était bien peu), mais pour l'aspect de ses feuilles. La couronne était parfaite, sans flétrissures. J'ai coupé à la base, détaché une à une les petites feuilles et après avoir dégagé deux bons centimètres de tige, j'ai laissé tremper dans l'eau d'un récipient en verre à col évasé. Quand des racines sont apparues, j'ai transplanté dans un terreau de rempotage. Et voilà le résultat en ce début octobre 2024. Voyez le cœur : un nouvel ananas se formera au bout d'une nouvelle tige. Croisons les doigts pour qu'elle apparaisse bientôt. Pour l'instant, la plante supporte la température extérieure, je la rentrerai aux premiers frimas… A suivre
Le fil
Film de procès écrit par l'avocat Jean-Yves Moyart, alias Maître Mô, adapté et réalisé par Daniel Auteuil, avec Daniel Auteuil et Grégory Gadebois (excellents)
Quid de l'intime conviction ? De celle du spectateur et de celle de l'avocat pénaliste qui défend un homme accusé du meurtre de sa femme ? Un suspense psychologique bien conduit jusqu'à la fin qu'il ne faut surtout pas manquer… Maître Jean Monier était-il là pour "sauver" son client ou tout simplement pour le défendre ?
La séduction Une passion française
Robert Muchembled, professeur honoraire des universités de Paris, signe aux Belles Lettres un essai passionnant sur le jeu de séduction entre les sexes et les milieux sociaux à partir du règne de François Ier jusqu'à nos jours. Femme fatale opposée à l'épouse chaste et obéissante, mythe de la Parisienne, contraste entre amours au village et amours à la ville, hauts et bas en matière de misogynie, selon les époques, tout cela apparaît au travers des œuvres littéraires, des films, des BD pour repérer les théories et les pratiques.
J'ai savouré les pages sur les aventures des présidents successifs de notre République qui n'avaient rien à envier à Louis XV. Qui fut le "roi des séducteurs", je vous le demande…
Pour être plus personnelle, j'ai aimé l'évocation de l'adolescence "contrôlée" des plus âgés d'entre nous. Surprise et intéressée par l'évocation de la vie des instituteurs et institutrices sous la férule du Code Soleil, leur code moral professionnel, du nom d'un chef de bureau qui a rédigé cet opuscule resté figé de 1923 à 1979. Le métier était conçu comme un apostolat. Je cite : "Le maître devenait le guide intellectuel, moral et social de la colectivité qui l'entoure. Il lui fallait donc être irréprochable dans sa tenue, son comportement public, sa vie privée, celle-ci étant l'illustration de la leçon de morale ou de civisme qu'il donne à l'école. L'institutrice devait plus encore se contrôler, car tout écart de sa part alimenterait les mauvaises langues. Elle avait droit (quand même) à une vie privée, à condition d'éviter les fréquentations douteuses et de ne pas se mêler le samedi soir aux filles de son âge pour aller au bal, mais de rester sagement derrière sa fenêtre pour regarder les malheureuses partir se perdre dans de tels divertissements." ( p. 287)
L'auteur a évité de rédiger un ouvrage didactique corseté dans un appareil de notes, ce qui rend le livre parfaitement accessible à un large public de curieux et curieuses de tous âges férus d'histoire et d'authenticité. Il n'hésite pas à illustrer concrètement le propos avec sa propre généalogie et sa propre expérience de vie. En qualité de lectrice, je n'hésite pas à avouer que je n'ai pas été une pure adepte du Code Soleil dans toutes ses composantes (je pense au bal du samedi soir…), mais que j'ai toujours théoriquement et pratiquement considéré que le métier d'enseignant(e) n'est pas tout à fait un métier comme les autres.
Bravo au parcours professionnel de Robert Muchembled qui, parti d'un milieu modeste, a franchi toutes les étapes et obstacles pour accéder aux plus hauts grades universitaires et produit plus de trente ouvrages.
La nuit se traîne
Un thriller de Michiel Blanchart
Bruxelles by night en pleine manifestation Black life matters. La nuit de Mady, étudiant le jour, serrurier la nuit, sera longue, pleine de dangers ! Mention spéciale pour Romain Duris dans le rôle du truand par qui tout peut arriver… A vrai dire, le film lui, ne traîne pas ; on en ressort un peu soufflé.
"Dîner à l'anglaise" de Matt Winn
Autre thriller de lété, huis-clos, quasi théâtral, tout à fait réjouissant si l'on aime l'humour noir et le suspense bien sûr.
Mémoires de Madame Roland
Madame Roland écrit ses Mémoires en prison. La guillotine l’attend (Elle sera exécutée le 8 novembre 1793). Le temps lui manquera pour se relire, évoquer plus précisément des moments de vie qui lui tiennent à cœur.
Marie-Jeanne Phlipon épouse Jean-Marie Roland qui a vingt ans de plus qu’elle, le 4 février 1780. Révolutionnaires de la première heure, les Roland défendent les thèses de leur ami Brissot contre Robespierre, c’est ce qui causera leur perte. Madame Roland est l’égérie des Girondins. Laissons de côté les Notices historiques, les Portraits et anecdotes qui m’intéressent au premier chef, mais pour un ouvrage en cours.
Les Mémoires particuliers rédigés aux prisons de Sainte-Pélagie, le 9 août 1793 commencent ainsi : « Fille d’artiste, femme d’un savant devenu ministre et demeuré homme de bien, aujourd’hui prisonnière, destinée peut-être à une mort violente et inopinée, j’ai connu le bonheur et l’adversité, j’ai vu de près la gloire et subi l’injustice. » Avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, beaucoup de personnes s’engageraient-elles aussi fermement dans une rétrospective de leur vie ? Mais « c’est vivre une seconde fois » et « qu’a-t-on de mieux à faire en prison que de transporter ailleurs son existence par une heureuse fiction ou par des souvenirs intéressants » ?
L'enfance de Madame Roland fut heureuse grâce à la vigilance de sa nourrice et l’affection de ses parents — au demeurant sévères — qui avaient perdu leurs six autres enfants. Manon – c’est ainsi qu’on l’appelait — savait lire dès l’âge de quatre ans. Son désir d’apprendre faisait la joie de ses maîtres. Elle avait dix-huit ans quand M. Marchand qui lui avait enseigné la géographie et l’histoire mourut à l’âge de 50 ans ; elle honorait particulièrement ce précepteur au point de lui avoir rendu visite dans ses derniers jours. Les portraits familiaux sont brossés à la fois avec franchise et bienveillance. L’évocation de ses lectures de jeunesse est édifiante ; c’est Plutarque qui a fait d’elle la républicaine qu’elle ne songeait pas à devenir alors !
On parle à l’envi de lectures de vacances : elles sont calibrées et peuvent être vite effacées. Ce récit de vie ne mérite pas l’oubli et si par un improbable hasard, les néo-féministes lisaient les textes de Madame Roland, de salutaires réflexions leur viendraient sans doute à l’esprit. Je ne développerai pas davantage ce récit d’une vie qui valait d’être vécue et qui vaut d’être (re)découverte, autrement que par Wikipedia…
Je termine par des citations extraites d’une conversation que Manon avait eue avec son père à propos du mariage : « Je ne suis pas juge du bonheur d’autrui et je n’attache point le mien à l’opulence ; je ne conçois de félicité dans le mariage que par la plus intime union des cœurs ; je ne puis me lier qu’à qui me ressemble, et encore faut-il que mon mari vaille mieux que moi, car la nature et les lois lui donnant de la supériorité, j’en aurais honte s’il ne la méritait véritablement. » Et à propos du commerce vanté par M. Phlipon : « Tenez, papa, j’ai trop bien vu qu’on ne réussissait dans le commerce qu’en vendant cher ce qu’on avait acheté grand marché, qu’en mentant beaucoup et rançonnant le pauvre ouvrier ; je ne saurai jamais me prêter à rien de semblable, ni respecter celui qui s’en occupe du matin au soir : or je veux être une honnête femme et comment serais-je fidèle à l’homme dont je ne tiendrais nul compte, en admettant que j’eusse pu l’épouser ? »
Autres temps, autres mœurs, vraiment ?
(Le Temps retrouvé, Mercure de France, 1966 et 1986, édition présentée et annotée par Paul de Roux)
à Paris, le 10 août 2024, S. G.-A.
Les gens d'à côté
Isabelle Huppert a-t-elle besoin de ce rôle de policière vieillissante brièvement aux prises avec sa conscience quand elle prend en affection ce jeune couple dont le mari (un artiste) est un activiste anti-flic qui prône la violence ? Quel ennui quand on s'efforce de comprendre le parti pris du cinéaste jusqu'à ce que l'on comprenne qu'il n'y a justement pas de parti pris. Ni pour, ni contre, et le film se déroule dans la plus grande platitude… André Téchiné serait-il à bout de souffle pour tenter de porter au sommet le cliché du "vivre ensemble" ? Restent cette petite fille, future patineuse de talent, et sa mère prof (incarnée par Hafsia Herzi) dont le comportement est beaucoup plus clair.
Santosh
Un film de Sandhya Suri avec Shahana Goswami dans l'un des rôles principaux
La cinéaste anglo-indienne signe ici un film époustouflant et glaçant avec un regard sans concession sur la société indienne. Venue du cinéma documentaire, elle réalise un thriller qui met en évidence le système des castes, et sous un régime nationaliste, la persécution des musulmans. Le jeu du duo de policières est remarquable et la décision inattendue de l'héroïne principale ponctue l'intention première du film. Avertissement aux spectateurs trop sensibles : une scène est quasi insupportable.
Horizon : une saga américaine, chapitre 1
Quand Kevin Kostner revisite le western…
Voici le premier épisode d'une saga américaine qui retrace l'avancée vers l'ouest au milieu du XIXe siècle, de colons venus de l'est, attirés par des tracts vers une ville pour l'instant mythique : Horizon. En empiétant sur les territoires indiens, la confrontation violente, sans merci, est inévitable au sein d'une nature grandiose. Cette grande aventure humaine fait la part des bons et des méchants sans manichéisme. Sans doute suis-je trop bon public puisque je ne partageais pas a priori la critique plutôt convaincante de CRITIKAT. Cela ne m'empêchera pas d'aller voir la suite en septembre puis en 2025, si Kevin Kostner gagne son pari.
Le comte de Monte Cristo
Edmond Dantès et l'esprit de vengeance sont de retour !
Les adaptations du Comte de Monte Cristo sont nombreuses depuis 1908 ! J'ai revu récemment en replay la mini-série télévisée de 1998 avec la famille Depardieu (père, fils et fille) dans les rôles-clefs. La curiosité m'a poussée à aller voir en salle le film d'Alexandre de la Patellière et Mathieu Delaporte (sorti le 28 juin 2024) ; ils ont donné un rôle sur mesure à Pierre Niney pour incarner le jeune marin qui revient de l'enfer du château d'If pour se venger des "amis" qui l'ont trahi. Pour n'être pas raisonnable, la comparaison de ces deux versions est inévitable. Inutile de me demander laquelle est la plus fidèle à l'œuvre célébrissime d'Alexandre Dumas ; ce serait peine perdue à moins de relire le livre qui enchanta mon adolescence. L'essentiel est peut-être que les jeunes d'aujourd'hui qui sont loin de connaître les mythes de la littérature française (les programmes scolaires sont-ils en cause ?) aient — grâce à ce film — envie de remonter le temps. Même Harry Potter sombrera dans l'oubli. Mais ne nous égarons pas…
Il resterait à confronter les prestations de Gérard Depardieu et de Pierre Niney, en faisant un détour par Jean Marais en 1954, pourquoi pas ? Lequel est le plus romantique ? Si j'ai revu la série télévisée avec intérêt, c'est pour les dialogues de Didier Decoin et la mise en scène de la grande cinéaste Josée Dayan. Que retenir de ce nouveau film ? Sans nul doute, l''épisode très réaliste et attendu du château d'If. Malgré le duel de la fin, digne des films de cape et d'épée — passés de mode — qui traîne en longueur, je "décerne" un satisfecit à l'ensemble.
MARIA
Un film de Jessica Palud avec Anamaria Vartolomei dans le rôle de Maria Schneider
Les plus anciens ont présent dans leur mémoire le film de Bertolucci : Dernier Tango à Paris avec la scène jugée porno en Italie qui a fait couler beaucoup d'encre. Ce fut une humiliation pour la magnifique actrice qu'était Maria Schneider (la fille de Daniel Gélin). Sa vie en fut brisée à jamais. Marlon Brando a dit qu'il ne referait jamais un film comme celui-là. Il n'empêche qu'il était complice du réalisateur. Ce film rend justice à l'actrice, mineure à l'époque. Il est dans l'air du temps avec le mouvement metoo et la remise en cause des dérives dans le monde du cinéma. A voir…
Le calamondin
Le calamondin est réputé comme l'agrume idéal pour l'intérieur. Or, celui-ci a passé tous les hivers depuis 8 ans à l'extérieur, sur le balcon. Je commençais à désespérer car depuis 2 ans, il ne donnait pas de fleurs donc pas de fruits. Il avait été rempoté 2 fois... Et soudain en plein mois d'août 2023, avec la météo parisienne (alternance de pluie et de soleil), il s'est mis à fleurir. Les butineurs se sont régalés pendant 8 jours. Et de minuscules fruits sont apparus.
Et le voici en juin 2024 !
Memory
Un film de Michel Franco
Que se passe-t-il quand deux êtres cabossés par la vie se rencontrent ? Saul, incarné par le très convaincant Peter Sarsgaard et la touchante Sylvia incarnée par Jessica Chastain ? C'est un très beau film, réaliste et pudique à la fois. Au-delà de l'aspect sociologique, voici une belle réflexion sur la mémoire quand, intrafamiliale, elle est basée sur le déni et le mensonge, quand individuelle, elle commence à vous échapper et que l'on prétend œuvrer pour votre bien (forme d'emprise pour employer un terme à la mode). Pour chacun(e), citée vers la fin du film, à retenir la prière de Marc Aurèle en usage dans les groupes AA. Que ceux pour qui la vie est un long fleuve tranquille jettent la première pierre à ce film.
Les fuchsias
Longtemps, j'ai mal orthographié le nom de ma fleur… préférée, jusqu'à ce que je découvre Leonhart Fuchs, ce médecin et botaniste allemand du XVIe siècle (auteur d'une Histoire des plantes) en l'honneur de qui on l'a ainsi nommée : fuchsia. Si j'avais de la place et un balcon pas trop exposé au soleil, je serais volontiers collectionneuse… Jusqu'à ces jours derniers, mes 5 variétés (dont une — celle de gauche — a déjà passé un hiver dehors et m'a offert la belle surprise de refleurir) ont bien prospéré car il a beaucoup plu… On peut trouver sur Internet tous les conseils de culture et de multiplication. Je me contenterai de citer Marcel Proust qui dans Du côté de chez Swann évoque cette fleur : "Les fuschias prenaient la mauvaise habitude de laisser leurs branches courir partout tête baissée. Les fleurs n'avaient rien de plus pressé quand elles étaient assez grandes d'aller rafraîchir leurs joues violettes et congestionnées contre la sombre façade de l'église." Cliquez sur l'image pour agrandir.
Des coquelicots en ville
Des coquelicots en ville ou Quand la nature reprend ses droits…
Encore un effort ! Restent les grilles dénoncées par Maxime le Forestier dans sa chanson Comme un arbre dans la ville. Voir la page sur la végétalisation sur mon autre site (arbres-aujourdhui). Cette photo a été prise à la mi-mai, avenue des Gobelins (75013), par temps de pluie. Cliquez pour agrandir.
Vous avez une photo dans le même genre ? Donnez suite à cet article…
Greenhouse, un thriller coréen
Ce thriller est le premier long métrage de la jeune réalisatrice coréenne Sol-Hui-Lee.
L'héroïne incarnée par Kim Seo Hyung est une aide-soignante à domicile dépressive, dont le fils est dans une maison de détention pour mineurs. Elle est d'un dévouement exemplaire, mais à la suite d'un accident domestique, elle prend une décision des plus surprenantes. L'enchaînement des conséquences joue sur les nerfs du spectateur. Nul sentimentalisme pour traiter le sujet : la prise en charge des personnes âgées. Le spectateur doit prendre de la distance, aidé en cela par les traits d'humour noir dont le film est parsemé. En proie au suspense de bout en bout, il lui reste en quittant la salle à imaginer un épilogue crédible.
L'alocasia zebrina
Il existe, paraît-il, 79 espèces d'alocasia. Celle qui a ma préférence et qu'on peut trouver dans certaines jardineries est l'alocasia zebrina, la bien nommée si l'on considère l'aspect de ses longues tiges. Ces tiges puissantes stockent l'eau, mais l'entretien est assez délicat ; il arrive que la plante "pleure" (des gouttes perlent à l'extrémité des feuilles) si l'arrosage est excessif. Il faut à cette plante une grande luminosité sans soleil direct, des conditions de température idéales, bref, il faut la "chouchouter". Avis aux amateurs…
Cliquez sur l'image pour agrandir
Le tableau volé
de Pascal Bonitzer avec Alex Lutz et Léa Drucker.
Le sujet est intéressant. Cette histoire vraie qui s'est déroulée à Mulhouse est à aborder à plusieurs niveaux. Je retiens le contraste entre le milieu de l'art où l'argent est roi et celui du milieu populaire de province représenté par le jeune ouvrier qu'incarne l'excellent Mathieu Lucci. Avec des dialogues parfois subtils et des rapports humains surprenants, on sourit souvent tout en se laissant conduire dans une véritable enquête policière à propos du tableau d'Egon Schiele volé par les nazis, disparu depuis 60 ans et qui doit être restitué aux descendants de la famille spoliée. Sa valeur inestimable fait tout le sel de l'histoire. Ce film n'est pas un chef d'œuvre, mais on ne s'ennuie pas.
Ci-contre : Soleils d'automne d'Egon Schiele
Dans les oiseaux
Dans les oiseaux de Xavier Lapeyroux (éd. Anne Carrière)
Le titre est un peu déroutant pour ceux qui ne connaisssent pas Hitchcock (mais en existe-t-il ?)
Et si l'on pouvait changer la réalité en changeant la fiction ? Milan, spécialiste d'Hitchcock, donne des cours à l'école de cinéma, la Femis. La fiction est-elle plus terrifiante que la réalité ? Il se pose beaucoup de questions depuis le décès de Suzanne, sa dernière compagne, qui a été tuée par une attaque de corbeaux. Ceux-ci s'abattent par nuées sur Paris… Pour quelle raison, par quel hasard ? Suzanne ressemble à l'héroïne du film Les oiseaux. Le hasard existe-t-il ? Inconsolable, Milan va s'évertuer à rembobiner en quelque sorte le film jusqu'au point de basculement où Suzanne meurt et s'il peut empêcher cette mort… Oui, il faut le suivre dans ses fantasmagories, et son stratagème pour reconstituer le scénario dans la réalité : ce n'est pas évident, même si l'on apprécie le fantastique. Mais si l'on a aimé le film d'Hitchcock vu (et revu), on tourne les pages jusqu'au bout. Si l'on aime les oiseaux et les corvidés en particulier, c'est une autre paire de manches, l'auteur ne semble pas bien les connaître. Un roman à conseiller ? Je ne m'y hasarderai pas.
Boléro
Un film d'Anne Fontaine avec Raphaël Personnaz et Jeanne Balibar
Il s'agit du biopic de ce monument de la musique classique qui, depuis sa création, ne cesse de retentir, à tout moment, quelque part dans le monde sur son rythme obsédant. Où est le compositeur ? Maurice Ravel est bien présent, toujours élégant, un peu austère, un peu énigmatique, lui-même obsédé par la crainte de n'être pas à la hauteur. Sans doute ne s'aimait-il pas assez. Le film ne nous dit pas grand chose sur la vie intime de ce génie dans le Paris de l'entre-deux guerres, mais le mystère lui sied si bien…
Ecoutons donc le boléro par l'orchestre symphonique de Biarritz sur le site de Josiane Guitard-Morel
La mélancolie des corbeaux
De Sébastien Rutès (4ème de couverture)
Au parc Montsouris, le long des pentes de la voie ferrée désaffectée, Karka le Corbeau freux vit en ermite dans un arbre. Dédaigneux des Pies bavardes et des Canards cancaniers, ses voisins, il coule des jours mélancoliques à contempler le passage des nuages et la vie sur les rives du bassin, depuis qu'autrefois son aile fut brisée par un Epervier. Aux questions amères que lui inspire son destin il ne trouve pas d'autres réponses que celles que lui dicte l'instinct, dont il ne se satisfait guère. Animal marginal, il ressasse en solitaire sa nostalgie des forêts jusqu'au jour où les Mouettes colportent au parc la rumeur de la disparition des bêtes du bois de Boulogne et que Krarok, le Grand Corbeau du Conseil des animaux de Paris, se résout enfin à le faire mander, après toutes ces années. Dans la charpente de Notre-Dame, où Krarok tient audience sous l'Aigle mystique de saint Jean, ont lieu les retrouvailles et la révélation : des Lions rôderaient dans les bois de Paris ! Avant qu'ils ne s'en prennent aux Humains, Karka, l'ancien messager oublié des conseillers, doit mener l'enquête avec une Tourterelle imbue de sa blancheur, une séduisante Corneille et un fantasque Toucan qu'il a libéré de sa cage...
Avec Mélancolie des corbeaux, son premier roman à paraître dans la collection "Actes noirs", Sébastien Rutés compose une variation étrange et envoûtante sur le roman d'investigation, à mi-chemin entre la fable animalière et le conte philosophique.
Biographie : Maître de conférences, Sébastien Rutés enseigne la littérature latino-américaine. Spécialiste des genres, il a publié de nombreux articles universitaires sur le roman policier hispano-américain et un essai consacré au Mexicain Paco Ignacio Taibo II. Il est l'auteur de plusieurs nouvelles, en espagnol et en français, et de deux romans publiés aux éditions L'Atinoir : Le Linceul du vieux monde (2008) et La Loi de l'Ouest (2009).
Border line
Un film de Juan Sebastian Vasquez et Alejandro Rojas
Diego et Elena veulent vivre "le rêve américain" et s'installer en Floride. Mais ils sont stoppés net à la police des frontières. Nous assistons à un huis clos oppressant entre un duo d'officiers de l'immigration face à ce couple brillamment incarné par Alberto Ammmann et Bruna Cusi. L'interrogatoire devient de plus en plus intrusif et nous tient en haleine jusqu'au bout, la situation menaçant de dégénérer à tout moment. Diego, d'origine vénézuélienne — ce qui le rend suspect — et sa compagne pourront-ils accéder à une nouvelle vie ?
Jean-Pierre A.
Madame de Sévigné
Un film d'Isabelle Brocard
J'ai été très intéressée par cette reconstitution d'une époque où les jeunes filles de la noblesse n'avaient d'autre choix que le couvent ou le mariage. Marie de Sévigné veut-elle réellement l'émancipation de sa fille en la mariant à Monsieur de Grignan et en la priant (suppliant) de venir la rejoindre à Paris ? Voici une fille (Ana Girardot) sous l'emprise de sa mère (Karin Viard). Le scénario est original, l'interprétation excellente, on ne se lasse pas d'admirer les décors, les paysages…La fille se rebelle et choisit sa propre dépendance… Mais Madame de Grignan a conservé les lettres de sa mère, qui, parvenues jusqu'à nous, restent un chef d'œuvre de la littérature française. J'aurais aimé ressentir un peu plus d'émotion.
A la sortie du film, j'ai publié cet article sur le blog de Josiane Guitard-Morel qui a écrit récemment des articles sur "Ecole et cinéma"
Bonsaïs
Ils ont été empruntés à un sous-bois en 2019. Je n'en suis pas très fière, mais c'était dans un espace où les promeneurs négligents écrasent sans vergogne les jeunes pousses. (cliquez pour agrandir)
Comme on le sait, la culture traditionnelle de ces arbres miniatures est tout une technique chinoise, japonaise, etc. qui vise, par ligature et taille, à donner une forme esthétique (proche de la nature ?). Le marronnier m'a plu parce qu'il avait déjà cette courbure du tronc ; pour l'autre, il y a eu une tentative à laquelle j'ai renoncé. Sous la pluie, le vent, le soleil, ils tiennent bon. Ils ont perdu leurs feuilles en hiver, ils viennent de les retrouver. Je n'ai pas de conseils à donner, seulement à émettre un doute, philosophiquement parlant... Petit arbre deviendra grand pourvu que..
Un aperçu de l'impressionnante collection de bonsaïs du parc Floral de Paris (instagram)
Une affaire de principe
S'il y a une citation à retenir de ce film d'Antoine Raimbault, c'est Ce ne sont pas institutions qui posent problème ; ce sont les gens qui les font.
Inspiré d'une affaire de corruption, le Dalli Gate en 2012, ce thriller politique nous promène dans les coulisses des institutions européennes, un peu paresseusement, il faut le dire. Mais l'attention se soutient grâce à l'interprétation de Bouli Lanners dans le rôle de l'euro-député José Bové et à celle de Céleste Lanners dans le rôle de la jeune stagiaire. Bien sûr, il est inutile de rapporter les statistiques des méfaits du tabac (c'est l'aspect documentaire du film), mais il est opportun de se demander si la lutte contre la contrebande de cigarettes et la décision d'afficher sur les paquets les images crues des dangers encourus a vraiment fait baisser en Europe la mortalité due au tabagisme.
"Le maître des esprits", Robert de Laroche
Ce polar a la saveur des nouvelles fantastiques « Manières noires » que Robert de Laroche a publiées en 2009. Mais « Le Maître des esprits » offre bien plus que cela. Le lecteur découvre Venise au temps dit des « Lumières » dans ses aspects à la fois les plus étincelants et les plus sombres. Le comte Flavio Foscarini, grand amateur de mystère, mène l’enquête à ses risques et périls, avec l’aide d’Assin, sa chère épouse, et de Gasparo, un jeune écrivain désargenté. Il goûte le repos auprès de ses chats, Francesco et Mafalda, qui ne font pas seulement partie du décor… Pour notre plus grand plaisir, Robert de Laroche fait savamment se côtoyer des personnages ayant réellement existé (Madame d’Urfé, Moncrif, Rosalba Carriera, Gasparo Gozzi, etc.) et des personnages sortis de son imaginaire foisonnant (à commencer par ce Mage malfaisant qui prétend communiquer avec les esprits).
Sa parfaite connaissance de la Sérénissime entraîne le lecteur dans un roman haletant où l’on ne serait pas loin de partager la peur des Vénitiens sur lesquels s’abattent de mystérieux et terribles événements, sans une certaine dose d’humour propre à tempérer l’horreur de quelques scènes. Laissons-nous emporter au-delà de notre quotidien par ce deuxième opus en compagnie de Flavio Foscarini — qui ressemble étrangement à l’auteur.
Photo : Robert de Laroche lors de la Rencontre- signature du 30 septembre 2023 à la librairie parisienne " Fontaine Villiers".
Tags !
Les tagueurs oublient que l'arbre n'est pas aussi résistant que son aspect et sa longévité le laissent penser. Les scarifications qui lui sont infligées sont autant de blessures qui peuvent s'infecter et l'affaiblir. J'ai lu dans Le Parisien du 6 août 2023 un dossier intitulé "Endommager des arbres peut vous coûter très cher" avec des exemples de villes d'Ile-de-France qui commencent à prendre des mesures. Intéressant ! De nouvelles lois se préparent pour la protection des arbres. Cliquez pour voir l'arbre (au parc floral de Paris) en pied.
Mais… les graffitis sur les arbres sont parfois de précieux témoins historiques
La promesse verte
La presse est loin d'être unanime sur ce film qui manquerait de souffle et serait truffé d'incohérences selon certains. Pour moi, l'intérêt se maintient sans peine durant deux heures avec de vrais moments d'émotion et des vues grandioses de paysages indonésiens. De quoi s'agit-il ? D'un plaidoyer contre la monoculture de l'huile de palme, cause de la destruction de la forêt primaire. Au travers de l'histoire d'une mère (excellente interprétation d'Alexandra Lamy) qui met tout en œuvre pour sauver son fils (Félix Moati) injustement accusé et condamné à mort, on sent la menace qui pèse sur la biodiversité, sur les peuples autochtones et à terme sur l'humanité avec le réchauffement climatique que la déforestation aggrave. Les activistes mènent un combat inégal contre les lobbies politiques et financiers. L'huile de palme déjà présente dans nombre de produits, serait destinée à la production de biocarburants. Une aberration écologique ! On était au courant, mais le film achève de convaincre.