Léonie, épouse du peintre François-Auguste Biard, participe à l'expédition scientifique Gaimard au Spitzberg en dépit du fait qu'une femme ne peut en principe être admise à bord d'un bâtiment de la marine nationale. Outre sa beauté, sa jeunesse, c'est ce qui fascinera Victor Hugo lorsqu'ils se rencontreront (une rencontre arrrangée pourrait-on dire). Ils deviennent amants. Hugo a déjà une maîtresse : Juliette qui l'adore. Il est dûment marié à Adèle qui le trompe avec Sainte-Beuve, et il perd sa fille chérie Léopoldine dans les circonstances que tout le monde connaît. Convaincue d'adultère, Léonie va purger une peine de six mois à la prison Saint-Lazare, puis chez les Augustines, au couvent. Cela n'a pas coûté à Hugo sa nomination à la Chambre des pairs, mais un poste de ministre, malgré toute l'indulgence que voue Louis-Philippe au grand homme. J'ai lu ce roman au style enlevé, d'un trait, très intéressée par les concordances de quelques épisodes de la vie quotidienne de Victor Hugo à cette époque avec quelques protagonistes des Misérables. Jusqu'à ce que je parvienne à l'épilogue suivi d'une note de l'auteur que je transcris en partie :
"Pour sonder la pensée du grand Victor Hugo, pour percer ses silences ou éclairer ses doutes, il a fallu plonger au plus profond de ses textes. J'ai fouillé ses récits autobiographiques, exhumé les morceaux de sa vie fictionnée qu'il avait parsemés dans tel ou tel roman, dans tel ou tel poème. Je connais mon Hugo depuis le temps que je le fréquente […] Tout est parti de Hugo. Tout s'achève avec lui. Je ne suis qu'un passeur doué d'imagination car une fois de plus dans ce roman tout est vrai, ou presque…"
Auteur du Dictionnaire amoureux de Victor Hugo (Plon, 2023), Sébastien Spitzer est administrateur de la Société des Amis de Victor Hugo.