Terza rima
Maître, loin des cités, tu promènes tes rêves ;
Tout t'y paraît petit, sous de mesquines lois ;
Vers un vaste horizon plus large, tu t'élèves.
Tu t'en vas, parcourant les déserts et les bois,
Voir les fauves livrer des batailles épiques ;
La terre au loin frémit sous leurs puissantes voix.
Nul n'a mieux su montrer les luttes héroïques
Des monstres, devant qui chacun tremble et s'enfuit ;
Les plus braves près d'eux ont des terreurs paniques.
Ton œuvre est émouvante, ô maître ; elle produit
Un effet saisissant ; elle frappe, elle attire,
Ayant une grandeur superbe qui séduit.
Le rustre s'en émeut et le savant l'admire ;
Et le chant du poète emporté par les vents
Voudrait avoir, ainsi que l'œuvre qui l'inspire,
La durée éternelle et l'éternel printemps.