de Simone Gougeaud-Arnaudeau (PP. 54-55)
Le magistrat Claude-Théophile Duchapt s’empare de la fable pour examiner l’application de la devise républicaine : « Liberté, égalité, fraternité ». Celle-ci avait disparu sous l’Empire et la Restauration ; elle resurgit avec la révolution de 1830 avant de devenir officielle avec la IIe république en 1848. Un « illustre républicain » – de ceux dont les convictions ne datent pas de la veille – célèbre la mort du roi (le 21 janvier) en transplantant de la forêt voisine dans son jardin deux jeunes chênes qu’il « [décore] d’arbres de la liberté ». Mais ces arbustes ne sont pas « nés également robustes ».
L’un beaucoup plus vite poussa / Que son voisin qu’il dépassa, /En moins d’un an, de près d’un mètre
Le plus petit reproche avec véhémence au maître du jardin de tolérer une telle inégalité :
Les arbres ne sont-ils pas frères / Ainsi que les humains ? – Si, parbleu ! repartit / Le Brutus, et la plainte ici que tu profères / Est juste, citoyen chêne ; l’égalité / Est et sera toujours de la fraternité / La condition nécessaire.
Là-dessus, pour satisfaire le jaloux, l’homme ne voit qu’un moyen : « raccourcir » le plus grand.